Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’une femme enceinte, je consens à passer le reste de ma conversation avec Rosette, me réservant, toutefois, de te le dire plus tard. D’ailleurs, si le commencement est Paul de Kock, ce que je nierai jusqu’au fagot inclusivement, la fin est aussi satanique qu’on puisse le désirer.

— Voyons la fin.

— Tout à l’heure ; si je mettais la fin au commencement, le commencement serait la fin, et on ne peut pas conter une histoire comme on lit une ligne d’hébreu, ou comme une dévote sort d’une église, à l’envers.

Bref, nous arrivâmes bras dessus, bras dessous, devant ma porte, parfaitement amis et anciennes connaissances. Je frappai : Rosette fit un mouvement de surprise, quand je me reculai pour la laisser entrer, puis elle entra sans trop de façons et en sautillant comme un pinson. Elle eut seulement la précaution de me faire monter l’escalier devant elle, précaution qui indique une expérience bien éprouvée, vu ses dix-sept ans, et que je recommande fort à toutes les dames et demoiselles quelconques, qui, pour suppléer au manque de rondeur de certaines parties, portent ce que madame de Genlis appelle, tout crûment, un polisson, et que nous appelons une tournure.

Je me fis apporter une bouteille de vin d’Espagne, quelques biscuits et deux verres : car si le in vino veritas est applicable à l’homme, il est encore plus juste pour la femme. Je trouve que c’est une excel-