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LA MUSIQUE CHINOISE

mâles, ou parfaits, et en Yn-liu, Liu femelles, ou imparfaits. Les liu parfaits sont les notes naturelles, les liu imparfaits correspondent aux dièzes. Il fixa sept modes, formés par la réunion de cinq yang et de deux pien, c’est-à-dire de cinq tons et de deux demi-tons : fa, sol, la, si, do, , mi, en chinois : kong, chang, ko, pien-tché, tché, yu, pien-kong ; notre gamme, absolument. Chaque mode a son style, qu’il est indispensable de bien connaître pour composer un morceau vraiment expressif.

« Le mode Kong ou Houang-tchong, par exemple, est grave et imposant, c’est pourquoi il représente la souveraineté de l’empereur, la majesté de son aspect, la sagesse de ses actions. Le mode Chang ou Tay-tsin est fort et un peu rude parce qu’il symbolise l’intrépidité des ministres et la rigueur qu’ils apportent à l’exercice de la justice. Le mode Ko ou Kio-Tchong est doux et tranquille, c’est la soumission aux lois, la docilité du peuple, sa confiance en celui qui a la mission de le gouverner. Le mode Tché ou Lin Tchong est vif et rapide, il exprime la célérité avec laquelle doivent être accomplies les affaires de l’État. Le mode Yu ou Lan-liu est le plus sublime, il est joyeux et éclatant, il représente l’harmonie de la nature. »

Par des mesures et des calculs, d’une précision admirable, Line-Lene avait fixé la dimension de ces douze tubes, correspondant aux sons des Liu.

Pythagore voulut, lui aussi, déterminer les rapports des tons au moyen de mesures et de poids ; il est curieux de constater que, si l’on a reconnu de graves erreurs dans les conclusions du célèbre philosophe, celles du mathématicien chinois, de 2 000 ans plus anciennes, sont demeurées inattaquables.

Quelques siècles après Line-Lene, il y a 4 500 ans seulement, un Conservatoire de musique fut fondé en Chine, par l’empereur Chun. Les fils des princes et des hauts dignitaires y étaient seuls admis. Un illustre musicien d’alors fut nommé directeur ; et le discours d’investiture a été conservé.

« Kouai, dit l’empereur, je vous nomme surintendant de la musique ; vous l’enseignerez aux fils des princes et des grands.