Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/244

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non, lorsqu’on l’aperçoit de loin. — Ces effondrements, déplorables au point de vue de l’art, ne le sont peut-être pas autant au point de vue pittoresque ; ils aèrent la ruine et lui donnent de la légèreté.

La chaude couleur orange qui dore la façade principale ne s’est pas étendue sur les autres parties du temple, où le marbre a gardé sa blancheur primitive, ou du moins un ton relativement plus clair. Ce contraste, qui serait brusque, ne frappe pas d’abord, ménagé qu’il est par la perspective ; le fronton qui regarde le midi est blond comme l’or ; celui qui regarde le nord, pâle comme la neige.

Sur le triple degré servant de soubassement au temple ont roulé çà et là des quartiers de frise, des assises de mur, des tronçons de colonne entre lesquels, tant le climat est sec et l’air brûlant, n’a pas germé la moindre mauvaise herbe. — On y chercherait vainement l’ortie, la ciguë, la mauve, l’asphodèle, le lierre, les scolopendres, les saxifrages et les pariétaires, qui jettent un vert manteau sur les vieilles pierres de nos climats humides ; on dirait plutôt, à voir ces blocs bouleversés, si crus de ton, si vifs d’arêtes, un édifice en construction qu’un monument en ruine. Les botanistes ont pourtant découvert une petite plante locale qui ne