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que manœuvrée par deux grands gaillards cuivrés, coiffés d’un fez, et dont le large pantalon à la turque laissait à découvert des jambes sèches et nerveuses qu’on aurait pu croire coulées en bronze. En quelques coups de rame, ils nous conduisirent, nous et nos paquets, au débarcadère, où une foule de gredins bigarrés se jetèrent sur nous et nous auraient déchirés en morceaux sous prétexte de nous rendre service, si l’inspecteur des portefaix, More d’une trentaine d’années, ne fût tombé, à coups de bâton dans les jambes, sur toute cette engeance, avec une impartialité vraiment remarquable, et ne nous en eût débarrassés en choisissant lui-même ceux qui devaient se charger de nos malles.



III

ALGER

Intra muros

On entre dans Alger, en venant de la mer, par la porte de la Pêcherie et par celle de la Marine. La rampe de la Pêcherie, bordée de marchands de fruits et de