Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/28

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coquillages, aboutit à la place du Gouvernement ; la porte de la Marine, où l’on arrive par une suite d’escaliers assez roides, conduit sur la même place par une rue nommée également rue de la Marine.

L’aspect de la place du Gouvernement est des plus bizarres, non par son architecture, mais par la foule qui s’y presse ; et l’étranger, en y mettant le pied, éprouve comme une espèce de vertige, tellement ce qu’il voit est en dehors de ses habitudes et de ses prévisions. On ne peut croire que quarante-huit heures de navigation dépaysent à ce point.

Cette place a été faite, comme vous le pensez bien, par les Français. Livrer ainsi de larges espaces à l’air et au soleil n’est pas dans les mœurs des Orientaux. En 1830, les constructions, baraques, échoppes, boutiques, s’avançaient jusqu’à la mer, confuses, enchevêtrées, s’épaulant l’une à l’autre, surplombant, liées par des voûtes, dans ce désordre si cher aux peintres et si odieux aux ingénieurs. Des démolitions successives, puis un incendie, ont nettoyé le terrain et formé une large esplanade entourée en grande partie de maisons à l’européenne qui ont la prétention, hélas ! trop bien fondée, de rappeler l’architecture de la rue de Rivoli. — Ô maudites arcades ! on retrouvera donc partout vos