une physionomie très-allemande et très-caractéristique ; on va bien loin pour étudier en grand détail des villes beaucoup moins curieuses. Ses hauts toits à plusieurs étages de lucarnes, sur lesquels nichent encore les cigognes et que dépasse de son prodigieux élancement l’aiguille ouvragée à jour du Munster, lui donnent un aspect tout particulier. Strasbourg boit de la bière comme une ville d’université d’au delà du Rhin, et sur les enseignes de ses brasseries le datif germanique se substitue souvent au génitif français ; mais Strasbourg a de quoi faire respecter son accent, et les lignes de canons magnifiques posés les uns à côté des autres devant la fonderie et dans les cours des arsenaux, comme de gigantesques claviers, pourraient au besoin couvrir la voix des railleurs de leur symphonie formidable.
Quand on se retourne vers la ville, avant de franchir le pont de Kehl, après avoir jeté un coup d’œil au monument de Desaix, élevé au milieu d’une prairie au bord de la route, on aperçoit dans la silhouette opaque du Munster une espèce de croix lumineuse formée par des baies qui se correspondent. Est-ce un effet fortuit ou ménagé à dessein par l’architecte ? — Le moyen âge était assez symbolique pour avoir songé à découper l’i-