Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/311

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comme en font prendre au corps humain les armures de fer, que l’architecte les a posés en sentinelles dans ses niches, comme des soldats dans des guérites, pour défendre son chef-d’œuvre. Il est impossible de voir des mines plus hautaines, des cambrures plus martiales que celles de ces héros rangés sur trois files, et qui semblent, tout blessés et fracassés qu’ils sont, vouloir s’arracher de leur piédestal pour courir à l’ennemi. Toute cette architecture à divisions fortement accusées, à tablettes, consoles, corniches, mufles de lion, d’un haut relief, prend de sa lourdeur même un singulier caractère de force, de richesse et de puissance.

Une galerie d’arcades à deux étages supportée par des colonnes trapues s’appuyant sur une tourelle octogone, fait le trait d’union entre Frédéric IV et Othon-Henri.

L’autre côté du palais donnant sur une terrasse, d’où l’on jouit d’une vue immense et d’où l’œil plonge dans des gouffres de verdure, quoique très-ornée, est d’un goût moins fier et moins superbe ; d’ailleurs, elle ne porte aucune cicatrice guerrière sur sa face plus bourgeoise.

Nous ne vous obligerons pas à nous suivre dans la