perches qui le supportent et le traversent, ou bien quelques-uns des moulins en forme de tourelle à collerette de charpente, popularisés chez nous par Camille Roqueplan.
D’autres fois, une chaussée traverse la prairie : vous croyez que c’est un chemin ; pas du tout, c’est un canal dépassant le niveau des maisons voisines et dessinant au-dessus des toits une silhouette de bateau.
Dans ce paysage tout horizontal, les moindres objets saillants prennent de l’importance et se détachent admirablement ; le lointain consiste en une raie bleue sur laquelle le ciel se pose comme sur la mer, ce qui laisse aux devants toute leur valeur. C’est grand et beau malgré l’absence de tout accident. Des milliers de vaches rompent, comme des touches blondes, le grand ton local vert, et des reflets de lumière font briller çà et là la surface des canaux avec un à-propos qu’un peintre envierait.
À mesure qu’on avance, le réseau d’irrigation se complique, les canaux se multiplient, la terre diminue ; une espèce de mer intérieure vient presque laver le remblai du chemin de fer ; sa vague, qui moutonne sous un vent du nord, est assez âpre. La locomotive siffle et lâche sa vapeur. Nous sommes à Rotterdam.