Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devait servir de modèle à Rembrandt. C’était, selon lui, de l’anatomie à l’usage des gens du monde. Sa remarque doit être juste ; mais peut-être l’artiste a-t-il bien fait de ne pas distraire l’œil par des détails d’une vérité horrible. Qui sait, d’ailleurs, si l’emploi de tons rouges et sanguinolents n’eût pas dérangé l’harmonie grise et blonde du tableau ?

C’est dans ce musée que se trouve le Taureau de Paul Potter, toile d’un prix inestimable, dont, à notre grand regret, nous n’apprécions pas tout le mérite, qui nous semble consister principalement dans la dimension insolite du cadre. Le taureau nous a paru cette fois-ci, comme à notre première visite, copié sur une bête empaillée ; mais les moutons du premier plan sont à tondre : ils vont bêler. — la Petite Vache réfléchie dans l’eau nous plaît beaucoup plus que cette grande machine.

Nous n’avons le temps de vous parler ni de l’Adam et Ève de Rubens placés dans un paradis de Breughel, ni du portrait d’homme d’Holbein, merveille de dessin, de couleur et de ressemblance : — oui, de ressemblance ! nous la garantissons, quoique le modèle, comme le peintre, soit mort depuis plus de deux siècles ; mais jamais individualité plus reconnaissable ne se détacha du