Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/74

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physionomie et ne permettraient plus aux anciens vainqueurs de reconnaître la brèche par où ils sont entrés.

Près de la porte, du côté du faubourg, à chaque bout de l’arche qui enjambe le fossé, deux escaliers descendent à un grand lavoir dont les eaux se déversent dans la mer. Sur les bords se penchent des blanchisseuses de toute nation et de toute couleur, dont le babil s’entend de la route.

La première porte franchie, en venant de la campagne, on aperçoit à gauche un petit marabout avec sa coupole blanche. — Ce marabout, vulgairement appelé le tombeau de Barberousse, quoiqu’il soit celui d’un autre personnage renommé par sa piété, est très-vénéré par les musulmans. À travers le grillage de la fenêtre, on entrevoit, dans la demi-obscurité de l’intérieur, des pièces d’étoffe, des châles, des mouchoirs pendus en ex-voto ou par manière d’hommage. De grands platanes jettent leur ombre sur le monument vénéré. Presque toujours, en Orient, les endroits consacrés sont accompagnés d’un bouquet d’arbres. La muraille de ce côté a conservé quelques broches de fer, vestige des anciens supplices, qu’est venue remplacer la philanthropique guillotine.

Presque en face, sur un tertre que va emporter au