Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/166

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cipiter les adieu. On a beau avoir pu s’y faire depuis longtemps, le déchirement de la séparation est toujours affreux ; c’est comme le dernier soupir d’un mourant.

Jenny se jeta dans les bras de son amie en pleurant.

— Tu m’écriras très-souvent, n’est-ce pas ? dit-elle, et nous nous reverrons bientôt.

M. Provot fit bonne contenance.

Madame Després serra Lucienne sur son cœur.

— Courage, ma fille ! lui dit-elle tout bas, nous ne vous oublierons pas.

Elle embrassa Adrien le dernier : ce fut une étreinte brusque et muette, qui semblait ne plus devoir se dénouer. Il s’en arracha pourtant, lui baisa la main rapidement et descendit du wagon.

C’était bien fini.

Le train repartait. Elle voyait encore Adrien, pâle, immobile, la regardant. Puis elle ne le vit plus ; elle se pencha alors. Il s’était laissé tomber sur un banc et cachait son visage dans ses mains.

Brusquement, le wagon s’engouffra sous une voûte et plongea dans l’obscurité.