Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/203

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Le mauvais père courba la tête sous le regard de celle qu’il avait élevée.

— Pa, du pain ! s’écria l’aîné des enfants, qui semblait avoir compris quelque chose des paroles de Lucienne.

— Pain ? répétèrent les deux autres sans retirer leurs doigts de leur bouche.

— Allez vite chercher des provisions, dit Lucienne que ce cri d’enfants affamés avait fait frissonner ; je déjeunerai avec vous, ajouta-t-elle, en donnant une pièce de vingt francs à Grialvat.

— Ces pauvres petits ! ils vivent à peu près de charité depuis que je suis couchée, dit Marie lorsque son père fut parti ; et à les voir on les prendrait bien pour des mendiants. Que deviendront-ils quand je n’y serai plus ?

— Je m’occuperai d’eux dès aujourd’hui, dit Lucienne, et je vous promets d’assurer leur avenir. Le père lui-même reviendra peut-être à de meilleurs sentiments ; il ne me semble pas aussi incorrigible qu’on le croit.

— Puissiez-vous dire vrai ! murmura Marie en levant ses grands yeux pâles vers les solives du plafond. Peut-être aurez-vous de l’influence sur lui.