Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/224

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— Ha ! ha ! ha ! dit en riant le spirite, sans se troubler davantage.

— Ne riez pas, j’ai des idées sanguinaires, ce matin. J’ai vacciné l’enfant d’Hélène Richard, la comédienne, qui n’a pu quitter le pays, faute d’argent. Eh blen ! j’avais envie de lui inoculer de ma salive pour le rendre enragé.

— Mon cher confrère, si vous continuez, il faudra vous soumettre à l’hydrothérapie, dit le docteur Pascou d’un air fin.

— Je voudrais bien être fou ! je pourrais m’imaginer que je suis sous les galeries de l’Odéon.

— Vous demandez du nouveau ? Il y a pourtant du nouveau dans la ville, dit M. Félix.

— Quoi ? Une barque chargée de morue est arrivée de Terre-Neuve ? ou bien un baril de harengs s’est effondré sur le port ?

— Ce n’est pas cela, je voulais parler de la modiste.

— Quelle modiste ?

— Mais, cette jeune personne qui est venue s’établir à F… il y a une quinzaine de jours.

Le sceptique docteur haussa les épaules.

— Je m’en moque pas mal de votre modiste ! s’écria-t-il ; quelque laideron à faire frémir. Est-ce qu’une jolie personne viendrait à F… ?

— Encore une impertinence ! dit madame Maton.

— Dites donc, docteur, vous offensez ces dames, s’écria M. Maton en riant.

— Ces dames n’existent pas ; est-ce qu’on peut leur