Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/256

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— Ah ! ah ! voilà déjà un déserteur ! s’écria M. Lemercier en riant. Voyez-vous ce galopin ! il tourne autour de la flamme. C’est qu’aussi vous êtes joliment jolie. Et vous êtes seule à briller ici.

M. Lemercier quitta Lucienne à la nuit tombante, en promettant de revenir le lendemain.

La nuit qui suivit cette journée, Lucienne dormit d’un sommeil paisible ; et le lendemain elle se surprit à chanter en préparant son déjeuner.

L’occasion que M. Lemercier attendait ne tarda pas à se présenter. Une après-midi, il était assis chez Lucienne, lorsqu’il vit passer le docteur sur la place.

— Attendez, dit-il à la jeune fille.

Et il sortit vivement.

Il n’était pas encore revenu, quand madame Dumont et son fils entrèrent dans la boutique.

— Ah ! tant mieux ! s’écria M. Lemercier lorsqu’il rentra accompagné du docteur, nous aurons des témoins.

— Qu’arrive-t-il ? disait le docteur surpris et inquiet, mademoiselle est-elle malade ?

— C’est sa réputation qui est malade, dit le marin ; et, comme vous êtes soupçonné de lui avoir porté les coups qui l’ont blessée, c’est vous que l’on charge de la guérir.

— Je ne comprends pas ! dit le docteur d’un air pincé, et de quel droit me parlez-vous ainsi ?

— Mademoiselle m’autorise à prendre sa défense, cela suffit. D’ailleurs, si vous vous trouvez offensé