Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/257

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par mes paroles et si vous voulez que nous nous expliquions autrement, je suis votre homme malgré mes soixante-quinze ans. Je voudrais avant tout vous entendre soutenir l’accusation que vous avez portée de gaieté de cœur contre cette jeune fille. N’est-ce pas vous qui avez affirmé que mademoiselle Perrauld était une fille séduite et que l’enfant, né de sa faute, se trouvait en nourrice dans un village… à Chagny ?

— Ah ! docteur, dit madame Dumont, vous ne pouvez pas nier, c’est devant nous que vous avez formulé l’accusation.

— J’ai eu tort peut-être, dit le docteur, fort contrarié de la situation ridicule où il était placé ; mais mon hypothèse semblait confirmée par certaine correspondance…

— Voici la seule lettre que j’aie reçue depuis mon arrivée ici, dit Lucienne d’une voix tremblante ; elle vient de Chagny, en effet ; je vous prie de la lire.

— Ah ! mademoiselle, fit le docteur en repoussant le papier.

— Lisez ! lisez ! dit M. Lemercier ; vous ne devez conserver aucun doute. Lisez tout haut.

Le jeune homme obéit avec répugnance.

— Eh bien, monsieur, êtes-vous convaincu maintenant d’avoir commis une mauvaise action ? dit le marin de sa voix ferme en regardant le docteur.

Dartoc était atterré. Madame Dumont serra la main du vieillard.