Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/26

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— Nous allons voir, d’ailleurs, voilà l’omnibus qui revient.

— Parions qu’il n’amène personne.

— Eh bien, je tiens le pari, s’écria Duplanchet en frappant sur la table ; que parions-nous ?

— Un pot de cidre, dit Lemercier.

— Allons donc ! une bouteille de champagne.

— Soit.

Les deux hommes échangèrent une poignée de main au moment où l’omnibus tournait le coin de la rue.

— Eh ! eh ! eh ! dit Duplanchet, il me semble que l’impériale est bosselée par des bagages.

Les deux femmes se précipitèrent au dehors.

— Bah ! quelques bottes de foin que Félix rapporte de la ville ! insinua Lemercier

— Mais non, mais non, ce sont des malles, de vraies malles. Je les vois parfaitement.

Un sourire narquois éclairait le visage de M. Duplanchet, et il passait sa main dans ses cheveux comme un homme qui se prépare à un événement solennel.

— Ma foi ! c’est positif, dit Lemercier, ce sont des malles !

— Et deux voyageurs dans la voiture, ajouta l’honnête propriétaire.

— Deux, en effet, Allons, mon cher Duplanchet, c’est avec grand plaisir que je perds mon pari.

— Des voyageurs ! des voyageurs ! répétait Duplanchet rayonnant.