Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/27

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L’omnibus arriva. Félix fit faire une savante manœuvre à ses chevaux, afin que la portière de la voiture se trouvât en face du trottoir.

Les rares promeneurs de la plage s’étaient arrêtés curieusement. L’omnibus fit halte et la portière s’ouvrit. Un homme d’une soixantaine d’années descendit de l’omnibus, puis tendit la main à une jeune femme qui sauta lestement à terre.

— Vous avez deux chambres ? demanda-t-il.

— Presque toutes mes chambres sont retenues, répondit effrontément Duplanchet ; mais il y en a deux dont je puis disposer encore.

— Faites-y monter nos bagages et servez-nous à dîner.

Les nouveaux venus entrèrent dans la salle. La jeune femme alla vers un miroir, ota son chapeau et fit bouffer son extraordinaire chevelure blonde.

— Qu’est-ce que monsieur désire manger ? demanda Duplanchet gracieusement.

— Ma foi ! servez-moi ce que vous voudrez, dit le voyageur en s’asseyant au bout de la table.

— Et mademoiselle… votre fille ? …

La jeune femme éclata de rire.

— Mademoiselle n’est pas ma fille, dit l’étranger avec embarras, elle est ma… ma…

— Votre nièce ? dit Duplanchet en souriant.

— Oui, ma nièce.

— Vous m’excusez, n’est-ce pas ? je ne pouvais pas deviner.

— La bonne histoire ! s’écria la jeune femme