Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/274

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— Tu comprends, dit le marin jouissant de la surprise de Lucienne ; il ne faut pas qu’il soit nulle part aussi bien que chez son père.

Elle s’avança vers la cheminée et chercha, parmi les merveilles qui l’entouraient, un vase où elle pût placer son bouquet ; elle prit un cornet en verre de Venise, et le posa sur un petit guéridon, près du lit. Le bouquet ressortait à merveille, sur le fond sombre et chaud des draperies ; il éclatait frais, brillant, tout humide sous ses perles lumineuses.

— La nature n’eût pas fait mieux, dit M. Lemercier en embrassant la jeune fille.

Tous deux se promenèrent lentement par la chambre ; il lui montrait différente objets curieux, lui disant d’où ils venaient et ce qu’ils étaient. Le domestique de M. Lemercier, un ancien matelot resté à son service, vint les interrompre.

— Capilaine, dit-il, donnant à son maître son ancien litre, il y a là un jeune homme, M. Félix Baker, qui désire vous parler, ; il est déjà venu cette après-midi.

— Félix Baker ! s’écria le vieillard très-surpris, que peut-il me vouloir ? Fais-le monter. Reste là, dit-il à Lucienne ; continue à fureter, et écoute ce que me dira ce personnage, si cela t’intéresse.

Il fit retomber une portière, et laissa la porte ouverte en passant dans la bibliothèque.

Félix Baker émergea de l’escalier.

— Eh bien, mon garçon, qu’est-ce qu’il y a pour votre service ? dit M. Lemercier en lui offrant une