vouement. Lucienne ajoutait quelques lignes aux lettres de M. Lemercier, et elle faisait entendre à Stéphane qu’elle le plaignait et ne l’oubliait pas.
À l’automne, il écrivit du Cap, puis de Madagascar et de Singapour. Au mois de janvier, il était à Saïgon.
Alors tout à coup les nouvelles cessèrent. Cela n’était jamais arrivé. Le malheureux père ne mangea plus, ne dormit plus ; son désespoir faisait mal à voir.
— C’est fini, disait-il, cette fois je ne le verrai plus ; je n’attends que la nouvelle de sa mort pour partir à mon tour.
Lucienne faisait tout son possible pour le tranquilliser un peu.
— Sa lettre se sera peut-être perdue dans un naufrage, disait-elle ; il ne peut rien être arrivé à son bâtiment, puisqu’il est dans le port de Saïgon et qu’il n’en devait pas partir encore.
— Je suis sûr qu’il est arrivé quelque chose, disait le vieillard avec cet instinct paternel qui ne trompe pas.
Il fit un voyage à Paris pour savoir si, au ministère de la marine, l’on avait des nouvelles de la frégate le Vulcain. On lui dit qu’elle était toujours à Saïgon, et qu’on ne savait rien de particulier de l’équipage. Il revint à F… tout à fait découragé.
Enfin, après trois mois d’angoisses mortelles, une lettre arriva. Elle était de l’écriture de Stéphane. « Je viens d’avoir une mauvaise fièvre que j’avais prise