Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIV


Le délire s’empara de Lucienne. Pendant huit jours elle ne reconnut personne. Elle croyait entendre le bruit d’une tempête et faisait des efforts pour s’élancer de son lit, disant que la mer l’appelait. Elle voulait marcher à travers les flots jusqu’à ce que l’eau la couvrit entièrement. Cela seul, disait-elle, pouvait calmer le feu qui la brûlait. Et elle luttait avec fureur contre ceux qui s’opposaient à la réalisation de son désir.

M. Lemercier avait installé auprès d’elle une jeune garde-malade qui la soignait avec dévouement. Lui-même ne la quittait pas, et le docteur Dartoc venait trois fois par jour.

Toute une semaine, la situation resta la même ; la vie de Lucienne était en question. Puis tout à coup la maladie sembla céder ; le calme se fit, la fièvre s’apaisa, et la malade, regardant autour d’elle, adressa un faible sourire à M. Lemercier.

Cependant les soins qu’on lui prodiguait semblaient l’irriter ; elle s’y dérobait le plus possible, et repoussait les potions prescrites.