Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/59

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il est bien plus blanc que le mien, dit Jenny en regardant Lucienne avec surprise.

— Ne vous attristez pas de ce que je vous dis, ma chère enfant, reprit madame Després, je serais désolée de vous avoir blessée.

— Ah ! madame, dit Lucienne avec émotion, je vous remercie de tout mon cœur des conseils que vous voulez bien me donner. Si j’avais eu auprès de moi un guide semblable à tous, je ne serais pas ce que je suis.

— Vous êtes une charmante jeune fille, pleine de cœur et de modestie ! dit madame Després vivement.

Jenny passa son bras autour de la taille de Lucienne, et l’embrassa sur la joue.

— Vous n’avez donc jamais été grondée par votre maman, lui dit-elle, que vous êtes si émue pour une légère observation. On m’en dit bien d’autres à moi, allez, et ça ne me fâche pas. Voyons, ajouta-t-elle, vous n’avez plus envie de travailler, laissez le crochet ; les orphéonistes s’en vont, courons dans le salon faire un peu de musique.

— C’est cela, mes enfants, dit madame Després, étudiez la sonate de Mozart à quatre mains, je l’aime beaucoup.

Les jeunes filles s’éloignèrent ; Adrien alla bientôt les rejoindre ; la partie de billard était finie, à son grand plaisir.

M. Provot vint s’asseoir près de madame Després.

— Comment ! chère madame, dit-il, on vous laisse seule ?