Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/102

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se donnait libre carrière. J’engloutissais tartes, galettes, gâteaux à la crème, biscuits, brioches, tout l’étalage. J’avais honte de ma goinfrerie ;
la princesse imposait silence à ses sujets.
mais je ne pouvais pas me retenir. C’était moi qui faisais la plus grosse dépense.

La monnaie de la dernière roupie, je la jetais à la volée, et tandis que les enfants s’éparpillaient pour ramasser les pièces, nous nous échappions ; quelque-fois, ils se lançaient à notre poursuite et nous rejoignaient. Ils formaient alors, autour de moi, en se tenant par la main, une ronde joyeuse qui m’emprisonnait.

Parvati s’agitait dans sa corbeille, elle avait bien envie de descendre, de se mêler à la danse ; mais sa dignité de princesse ne permettait pas une pareille chose. Quand je devinais que les jambes lui démangeaient de trop, je rompais le cercle, d’un air sévère, et je m’éloignais rapidement.