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Chapitre XXVI

LE GRAND CIRQUE DES DEUX MONDES

Au bout d’une heure environ, Moukounji revint. Il était tout joyeux ; il gambadait et chantait, et, quand il fut près de moi, il m’embrassa la trompe et il me parla :

— Ah ! mon bon compagnon, mon brave ami, comme le sage a raison de dire : « Pour qui a du talent, il n’y a pas de terre étrangère ; pour qui est content de peu, il n’y a pas de chagrin ; pour qui a de la fermeté, il n’y a pas d’accident ; pour qui a de la résolution, il n’y a rien d’impossible. » Comme elle est juste cette sentence ; et non moins que celle-ci : « La vie des êtres est instable comme le reflet de la lune dans l’eau : puisqu’on sait qu’elle est telle, il faut pratiquer la vertu. » Oui, oui, il faut pratiquer la vertu,