Aller au contenu

Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le jeune M. Greathorse, à qui l’on pouvait donner dix-sept ou dix-huit ans, me déplut tout à fait, tant il avait l’air sournois. Il ne devait se plaire qu’à jouer à ses camarades les plus méchants tours.

Seule, de cette famille, miss Annie m’inspira quelque sympathie. C’était une jeune fille, presque une enfant encore, de quinze ans environ, d’aspect assez chétif, et à qui le trapèze avait, outre mesure, développé les bras. On devinait qu’elle se fatiguait trop et qu’elle souffrait ; sa figure était agréable, douce et pâle, et elle avait de jolis cheveux blonds.

Après les Greathorse vinrent six personnages qui se ressemblaient tous, bien que le plus âgé parût trente-cinq ans, et le plus jeune neuf ou dix ; ils souriaient tous du même sourire, qui semblait figé sur leurs lèvres.

— Les frères Smith, monsieur, dit M. Harlwick ; de bien recommandables gentlemen ; tant qu’on ne les a pas vus faire la pyramide humaine, on ne sait pas ce qu’est l’acrobatie.

Les frères Smith saluèrent, souriant toujours.

Puis ce fut une jeune femme, fort élégante et gracieuse.

— Miss Morley, monsieur : vous l’admirerez dans ses exercices de haute école, notre savante amazone, monsieur.

Après miss Morley, s’approchèrent trois hommes et trois femmes, ni grands ni petits, ni gras ni maigres, ni beaux ni laids, mais très corrects :

— Nos écuyers et écuyères, monsieur : M. Crampton et mistress Crampton, M. Hampton et mistress Hampton, M. Mapton et mistress Mapton.

Successivement ensuite M. John Harlwick présenta :

M. Nilo Bong, monsieur, le fameux gymnaste tonkinois ; les sœurs Ulverstone, miss Jane Ulverstone et miss Lucy Ulverstone, monsieur, qui, chaque soir, éblouissent les spectateurs par leur adresse à la barre fixe, monsieur ; M. Pound, monsieur, pour qui