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Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/180

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soulever deux cents livres est un jeu, et mistress Pound, son épouse, la fée du revolver et de la carabine, monsieur : à cent pas elle ne manquerait pas une noisette, monsieur ; M. Tom Liverpool, le lutteur admirable que nul n’a pu renverser, monsieur, et qui terrasserait des géants, monsieur ; miss Alice Jewel, monsieur, qui, sur un fil de fer, traverserait le Gange, là où il est le plus large.

Tous ces personnages étaient assez insignifiants. M. Nilo Bong avait beau se dire Tonkinois, et avoir les yeux un peu bridés, son teint prouvait qu’il était Européen ; M. Pound et M. Tom Liverpool étaient deux hommes énormes, d’aspect peu intelligent ; mistress Pound était une femme toute petite, toute maigre, l’air assez revêche ; miss Jane et Lucy Ulverstone et miss Alice Jewel étaient de correctes jeunes filles, assez jolies, et qui saluaient aimablement.

Il ne restait plus à présenter de la troupe que quatre personnes, deux hommes et deux femmes :

Les deux hommes se ressemblaient fort, et tous deux rappelaient M. Oldham ; mais les traits qui, chez M. Oldham, n’étaient que comiques, s’accentuaient chez eux jusqu’au grotesque ; et le grotesque de leur personne frappait d’autant plus qu’ils affectaient d’être graves. Quand vint leur tour :

M. Trick et M. Trock, monsieur, dit M. Harlwick : je pourrais les affirmer les plus spirituels clowns qu’il y ait au monde, si eux-mêmes ne s’inclinaient devant la supériorité de M. Oldham. Ils sont les enfants chéris de la gaieté.

MM. Trick et Trock saluèrent Moukounji, et une jeune femme, très belle, qui avait de grands yeux noirs et d’épais cheveux dorés, s’approcha :

— Miss Sarah Skipton, monsieur : la divine artiste à qui nous devons la danse lumineuse.

En inclinant aimablement la tête, salua miss Sarah Skipton, et, enfin, M. Harlwick présenta une jeune fille qui semblait la grâce