Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/194

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baissaient, M. Harlwick se transportait dans une autre. De Calcutta, nous allâmes à Chandernagor, de Chandernagor à Patna ; puis je vis Bénarès, Allahabad, Delhi, que sais-je encore ?

J’aurais pu ne pas être très malheureux ; j’avais su me faire respecter de ceux qui tout d’abord avaient essayé de me taquiner. M. Oldham était fier de son élève, et l’aimait ; Moukounji était toujours le brave homme qui m’avait recueilli, et mes quatre amies, Annie, que je protégeais souvent contre les brutalités de sa mère, Circé Nightingale, Sarah Skipton et Clary Morley étaient pleines de prévenances pour moi et me gâtaient sans cesse. Mais hélas ! je songeais à ma belle vie d’autrefois, si calme et si joyeuse, et je songeais à Parvati, qui souffrait peut-être, et que j’aurais pu défendre. M’avait-elle oublié ? Ou, si elle pensait à moi, ne m’accusait-elle pas d’ingratitude ? Et n’avais-je pas, en effet, été un ingrat, de la quitter ainsi, bassement jaloux ? Aussi, malgré les soins dont on m’entourait, j’étais toujours bien triste.