Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/38

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pas à donner une idée de ce pelage immaculé, qui eût fait paraître jaune la fourrure de l’hermine. On la nomma Séraphita, en mémoire du roman swedenborgien de Balzac. Jamais l’héroïne de cette légende merveilleuse, lorsqu’elle escaladait avec Minna les cimes couvertes de neiges du Falberg, ne rayonna d’une blancheur plus pure. Séraphita avait un caractère rêveur et contemplatif. Elle restait de longues heures immobile sur un coussin, ne dormant pas, et suivant des yeux, avec une intensité extrême d’attention, des spectacles invisibles pour les simples mortels. Les caresses lui étaient agréables ; mais elle les rendait d’une manière très-réservée, et seulement à des gens qu’elle favorisait de son estime, difficilement accordée. Le luxe lui plaisait, et c’était toujours sur le fauteuil le plus frais, sur le morceau d’étoffe le plus