Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/39

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propre à faire ressortir son duvet de cygne, qu’on était sûr de la trouver. Sa toilette lui prenait un temps énorme ; sa fourrure était lissée soigneusement tous les matins. Elle se débarbouillait avec sa patte ; et chaque poil de sa toison, brossé avec sa langue rose, reluisait comme de l’argent neuf. Quand on la touchait, elle effaçait tout de suite les traces du contact, ne pouvant souffrir d’être ébouriffée. Son élégance, sa distinction éveillaient une idée d’aristocratie ; et, dans sa race, elle était au moins duchesse. Elle raffolait des parfums, plongeait son nez dans les bouquets, mordillait, avec de petits spasmes de plaisir, les mouchoirs imprégnés d’odeur ; se promenait sur la toilette parmi les flacons d’essence, flairant les bouchons ; et, si on l’eût laissé faire, elle se fût volontiers mis de la poudre de riz. Telle était Séraphita ; et