Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/98

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rabys sur les casques des assiégeants. Ce petit port si pittoresque est illustré par la chanson célèbre en patois andalou de Murillo Bravo, Los Toros de Puerto, où le batelier galant dit à la señora qui s’embarque : « Lleve Vd la patita », et nous en fredonnions le refrain d’une voix aussi fausse en espagnol qu’en français, tout en suivant la ligne bleue, étroite comme une lisière de drap, que l’ombre tirait au pied des murs. Il y avait marché, et c’était sur la place un étalage de denrées exotiques et violentes d’une furie de couleurs à ravir Ziem. Des guirlandes de piments écarlates se balançaient au-dessus de pastèques d’un vert prasin, dont quelques-unes éventrées laissaient voir leur pulpe rose tigrée de points noirs comme un coquillage de la mer du Sud. Des grappes de raisin à gros grains d’ambre, rappelant les chapelets turcs pour la