Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/99

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blonde transparence, contrastaient avec des raisins bleus, ou couleur d’améthyste à reflets de pourpre. Les garbanzos arrondissaient dans les couffas de sparterie leurs globules d’or pâle, et les grenades, crevant leur écorce, montraient leur écrin de rubis. Les marchandes avec leurs fichus rouges ou jonquille, leur jupe de soie noire, les pieds nus dans des chaussons de satin, — et quels pieds ! grands à peine comme des biscuits à la cuiller ! — leur éventail de papier contre l’oreille, en guise de parasol, se tenaient fièrement campées près de leurs légumes, babillant avec la gracieuse volubilité andalouse. Des majos passaient, appuyés sur la fourchette de leurs bâtons blancs, la veste à l’épaule, la faja de soie, venant de Gibraltar, sanglée sur le gilet depuis les hanches jusqu’à l’aisselle, la culotte de tricot ouverte au genou, et les bottes en cuir de