Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/12

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Anglais en sortant du bal masqué, et, l’été, allaient suivre une martingale à Bade, connaissaient la Dafné. Les autres, pauvres gandins à la suite, indignes d’un si grand honneur, faisaient semblant de la connaître. De mauvaises langues prétendaient que son nom réel était Mélanie Tripier, mais les gens de goût l’approuvaient d’avoir répudié ces vocables disgracieux, un vilain nom sur une jolie femme produisant l’effet d’une limace sur une rose ; Dafné de Boisfleury valait mieux, à coup sûr, que Mélanie Tripier. Cela avait à la fois un petit air mythologique et aristocratique tout à fait galant. L’orthographe spéciale de Dafné, par un f, sentait son Italie de la Renaissance et donnait du ragoût à la chose. Ce nom sans doute avait été fabriqué pour la belle par quelque poète lyrique sans ouvrage et baptisé de vin de Champagne au dessert.

Quoiqu’il en soit, la Dafné arrivait aux