Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/19

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empreints au plus haut degré du goût italien comme il régnait vers la moitié du dix-septième siècle. Elle est située au fond de vastes jardins plutôt bâtis que plantés, car la compréhension de la nature est un sentiment tout moderne, et il n’y a pas longtemps qu’on s’est avisé de mettre dans les parcs des fleurs, des gazons et des arbres. Une porte semblable à un arc de triomphe et flanquée de colonnes d’ordre rustique à bossages vermiculés, d’où pendent des stalactites de pierre où se mêlent des barbes d’herbe, s’ouvre dans un mur antique qui a dû clore, sous les Césars, quelque villa patricienne. La grille franchie, une allée de cyprès plusieurs fois centenaires se présente au visiteur. Ces cyprès aux troncs côtelés de puissantes nervures pareilles à des colonnes tordues en faisceau par une main de géant, semblent avoir pour feuillage des scories de bronze et forment deux immenses rideaux d’un vert som-