Aller au contenu

Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre presque noir conduisant la vue vers le palais élevé au fond de cette perspective. Une eau vive court dans des rigoles de pierre de chaque côté de l’allée, après avoir alimenté les fontaines et les jets d’eau de la villa, et s’engouffre dans une crapaudine avec un bruit de torrent. Entre les cyprès, des vases de marbre, des statues antiques plus ou moins mutilées font des taches de blancheur d’un effet assez inquiétant le soir, et rappellent vaguement les tombes turques au Grand Champ des morts de Scutari. À l’heure où nous commençons cette description, le soleil se couchait dans un ciel d’un bleu de turquoise strié d’étroits nuages violets et tournant au citron ou approchant des tons orangés qui environnaient l’astre à son déclin. Les pyramides des cyprès s’enlevaient en vigueur sur ce fond clair, et à travers leur feuillage obscur scintillaient, çà et là, des points de feu d’où partaient des rayons, tandis