Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/41

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ment belle ainsi. Lothario, que la turbulence de Dafné avait ennuyé, la regarda avec plus de complaisance et lui adressa quelques phrases flatteuses.

— Allons, se dit la Dafné, cela sert toujours à quelque chose d’avoir posé la tête d’expression à l’Académie des beaux-arts. Cet air de Mignon regrettant la patrie, ne rate jamais son effet.

On servit le café, et dans une corne de rhinocéros travaillée avec un art infini par les patients Chinois, des cigares des meilleurs vueltas de la Havane, furent présentés aux convives. Bientôt des spirales bleuâtres montèrent vers le plafond rejoindre les nuages de l’Olympe, au risque de faire éternuer les déesses. La Venus antique aspirait le parfum de l’encens : la Vénus moderne doit se contenter de l’odeur du tabac. La soirée s’avançait et déjà deux ou trois de ces messieurs étaient partis. Ceux qui restaient craignaient, en s’en allant, de laisser le champ libre à un