Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le mort ressuscita subitement, lui saisit le poignet comme dans un étau et de l’autre main lui arracha la lanterne dont la lumière retournée éclaira une figure qui n’était pas celle de Dafné. C’était une tête pâle, aux traits réguliers, aux sourcils noirs, d’une beauté sinistre et qui en ce moment semblait médusée d’épouvante.

— Ah ! c’est vous, ma belle-mère, fit le prince Lothario, sans manifester de surprise, je me doutais bien que vous étiez pour quelque chose dans cette aimable machination. J’y reconnais votre génie scélérat et mélodramatique digne du moyen âge. Vous vous êtes en naissant trompée d’époque, chère Violanta, et vous auriez admirablement tenu votre place à la cour des Borgia. C’est très gentil au dix-neuvième siècle, d’avoir, comme Lucrèce, des princesses Négroni, qui vous attirent à souper les beaux jeunes gens et les font asseoir sur des sofas à procédés