Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/55

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se changeant en oubliettes. Ce truc me plaît et je l’indiquerai à quelque dramaturge.

— Ma haine est assez profonde pour être respectée, fit Violante. Trêve de railleries. Je voulais vous tuer ; j’ai manqué mon coup, tuez-moi, c’est de franc jeu.

— Soyez tranquille, madame, vous ne sortirez pas vivante d’ici. Des esprits timorés objecteraient peut-être que vous êtes une femme, mais les monstres n’ont pas de sexe et l’on écrase une vipère femelle avec la même horreur qu’une vipère mâle. Vous me haïssez, mais je vous le rends bien, et je vous assure que c’est une antipathie à la fois instinctive et raisonnée. Vous avez trompé mon père qui, séduit par votre beauté funeste, avait eu la faiblesse de vous épouser, et vous êtes entrée dans la couche où était morte ma mère, portant déjà en votre sein l’enfant qui naissait à sept mois et cependant venait bien à terme, le fils du ténor