Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/59

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flegme sarcastique, Violanta regardait Lothario ne sachant s’il raillait ou parlait sérieusement, mais une haine implacable brillait dans les yeux du prince. Son long ressentiment allait se satisfaire, et l’heure de la légitime vengeance était enfin arrivée. Tout en parlant, sans lâcher le poignet de Violanta, il avait placé la lanterne sourde sur une pierre, et de sa main libre, il fouillait sa poche pour y chercher un stylet.

Violanta qui épiait les mouvements de Lothario, lui imprima une si brusque saccade que le prince lâcha prise, puis se mit à courir en poussant des éclats de rire stridents et moqueurs. Lothario ramassa la lanterne, car il pensa qu’il aurait bientôt perdu de vue Violanta dans ces souterrains dont il ne connaissait pas les détours, et il fit tomber les rayons de la lentille sur la fugitive, s’engageant à sa suite en d’étroits couloirs dont les murs verdis suintaient l’humidité. Il était