Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/58

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de trois coups de poignard. Comme ces moyens ne vous amenaient pas à votre but, comptant sur votre beauté, vous avez joué le rôle de Phèdre mieux que madame Ristori, et tenté pour mieux m’étouffer de m’attirer entre vos bras. Mais quoique je n’eusse pas d’Aricie, je restai plus sot, plus froid, plus déplorable qu’Hippolyte lui-même, et ma chère marâtre n’eut pas cette joie d’entraîner son beau-fils dans une complicité d’inceste. Voilà mes petits griefs exposés sans emphase. Je ne parle pas du trapillon par lequel vous avez tout à l’heure voulu me faire disparaître. Jusqu’à la mort de mon père j’ai gardé le silence, il ne faut pas de tache de boue au blason des Donati, mais une tache de sang n’a rien qui me répugne. Cette pourpre purifie, et comme dit le fier proverbe espagnol : « la lessive de l’honneur ne se coule qu’avec du sang. »

Pendant ce discours débité avec un