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Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/69

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être jamais, je dormirais bien à mon aise dans ce grand lit Renaissance à corniche sculptée. »

Un commencement de fièvre faisait danser des hallucinations dans son cerveau, hallucinations qui se représentaient en fantômes extérieurs. Il croyait voir le squelette coiffé d’un chapeau venir à lui avec des grimaces obséquieuses et des révérences exagérées, le priant, au nom des deux autres cadavres, de vouloir bien faire le quatrième à une partie de whist. Depuis longtemps, ils attendaient cette occasion, mais les mœurs s’étant adoucies, on ne jetait plus personne aux oubliettes. Puis la vision changeait. Les statues quittaient leurs niches, les peintures se détachaient des murailles et exécutaient autour de lui des sarabandes d’une nudité mythologique. « Le délire antique vaut mieux que le délire moderne, se disait Lothario ; ces danseuses aux transparentes draperies roses sont plus