Aller au contenu

Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guère empirer. La poutre ne fléchit pas sous les pieds du prince et ne lui joua aucun mauvais tour. Il se trouva de l’autre côté dans une suite de chambres relativement moins délabrées. Par les crevasses des voûtes filtrait une faible lueur bleue, car, pendant tout ce voyage souterrain, les heures s’étaient écoulées et l’aurore se levait sur la campagne romaine. La clarté devint bientôt plus vive et Lothario put abandonner sa torche. Le jour entrait dans la ruine à travers des fissures obstruées d’herbes et de broussailles. Des colonnes aux cannelures frustes, aux chapiteaux émoussés, supportaient les arcs des voûtes, et aux murailles dépouillées de leurs revêtements de marbre, les plantes pariétaires, pour en voiler la nudité, avaient suspendu leurs vertes draperies. Au fond, brillait comme une étoile, une petite percée de ciel bleu. Se hissant sur un monceau de briques, de fragments de pierre et de marbre mêlés