Page:Gautier - Mademoiselle Dafne - recueil 1881.djvu/72

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de terre, Lothario parvint jusqu’à l’ouverture qu’il n’eut pas besoin d’élargir pour y passer, car, nous l’avons dit, il était svelte et mince. S’appuyant sur la paume des mains, il souleva son corps et se trouva bientôt hors du gouffre, en pleine lumière, au milieu d’un troupeau de buffles qui le regardaient avec une stupeur farouche, et reniflaient à son aspect en secouant la bave de leurs mufles et en grattant la terre de leurs sabots. Lothario les écarta doucement en leur disant les mots auxquels ils ont l’habitude d’obéir, et il s’éloigna d’eux à pas lents sans en être poursuivi.

La lumière rose et bleue du matin s’étalait sur la vaste campagne déserte, dorant les arches des aqueducs et faisant scintiller par places les flaques d’eau amassées aux plis du terrain. Des fumées légères indiquant les feux de pâtre, montaient dans l’air limpide, et les bondrées, cherchant leur proie, décrivaient des cer-