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MADEMOISELLE DE MAUPIN.
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Rosette.

Je t’ai gâté, d’Albert !

moi.

Bien. — Maintenant approche ta bouche.

rosette.

Non, mardi prochain.

moi.

Allons donc ! est-ce que nous ne nous caresserons plus maintenant que le calendrier à la main ? nous sommes un peu trop jeunes tous les deux pour cela. — Çà, votre bouche, mon infante, ou je m’en vais attraper un torticolis.

rosette.

Point.

moi.

Ah ! vous voulez qu’on vous viole, mignonne ; pardieu ! l’on vous violera. — La chose est faisable, quoique peut-être elle n’ait pas encore été faite.

rosette.

Impertinent !

moi.

Remarque, ma toute belle, que je t’ai fait la galanterie d’un peut-être ; c’est fort honnête de ma part. — Mais nous nous éloignons du sujet. Penche ta tête. Voyons : qu’est-ce que cela, ma sultane favorite ? et quelle mine maussade nous avons ! Nous voulons baiser un sourire et non une moue.

rosette, se baissant pour m’embrasser.

Comment veux-tu que je rie ? tu me dis des choses si dures !