ondulés comme la mer et noués négligemment derrière la tête, ces épaules fermes et lustrées, ce dos aux mille sinuosités charmantes, cette gorge petite et peu détachée, toutes ces formes rondes et tendues, cette largeur de hanche, cette force délicate, ce caractère de vigueur surhumaine dans un corps aussi adorablement féminin, me ravissent et m’enchantent à un point dont tu ne peux te faire une idée, toi le chrétien et le sage.
Marie, malgré l’air humble qu’elle affecte, est beaucoup trop fière pour moi ; c’est à peine si le bout de son pied, entouré de blanches bandelettes, effleure le globe déjà bleuissant où se tord l’antique dragon. — Ses yeux sont les plus beaux du monde, mais ils sont toujours tournés vers le ciel, ou baissés ; jamais ils ne regardent en face, — jamais ils n’ont servi de miroir à une forme humaine. — Et puis, je n’aime pas ces nimbes de chérubins souriants, qui s’arrondissent autour de sa tête dans une blonde vapeur. Je suis jaloux de ces grands anges éphèbes avec des chevelures et des robes flottantes qui s’empressent si amoureusement dans ses assomptions ; ces mains qui s’enlacent pour la soutenir, ces ailes qui s’agitent pour l’éventer, me déplaisent et me contrarient. Ces petits-maîtres du ciel, si coquets et si triomphants, en tunique de lumière, en perruque de fils d’or, avec leurs belles plumes bleues et vertes, me semblent beaucoup trop galants, et, si j’étais Dieu, je me garderais de donner de tels pages à ma maîtresse.
La Vénus sort de la mer pour aborder au monde, — comme il convient à une divinité qui aime les hommes, — toute nue et toute seule. — Elle préfère la terre à l’Olympe et a pour amants plus d’hommes que de dieux : elle ne s’enveloppe pas des voiles langoureux de la mys-