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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

sonnaient sur le pavé inégal et caillouteux, sortaient de chaque lucarne la grosse figure curieusement rouge et la gorge matinalement débraillée des Vénus de l’endroit, qui s’épuisaient en conjectures sur cette apparition insolite d’un voyageur dans C***, à une pareille heure et en pareil équipage, car j’étais très-succinctement habillée et dans une tenue au moins suspecte. Je me fis indiquer une auberge par un petit polisson qui avait des cheveux jusque sur les yeux, et qui éleva en l’air son museau de barbet pour me considérer plus à son aise ; je lui donnai quelques sous pour sa peine, et un consciencieux coup de cravache, qui le fit fuir en glapissant comme un geai plumé tout vif. Je me jetai sur un lit et je m’endormis profondément. Quand je me réveillai, il était trois heures après midi : ce qui suffit à peine pour me reposer complétement. En effet, ce n’était pas trop pour une nuit blanche, une bonne fortune, un duel, et une fuite très-rapide, quoique très-victorieuse.

J’étais fort inquiète de la blessure d’Alcibiade ; mais, quelques jours après, je fus complétement rassurée, car j’appris qu’elle n’avait pas eu de suites dangereuses, et qu’il était en pleine convalescence. Cela me soulagea d’un poids singulier, car cette idée d’avoir tué un homme me tourmentait étrangement, quoique ce fût en légitime défense et contre ma propre volonté. Je n’étais pas encore arrivée à cette sublime indifférence pour la vie des hommes où je suis parvenue depuis.

Je retrouvai à C*** plusieurs des jeunes gens avec qui nous avions fait route : — cela me fit plaisir ; je me liai avec eux plus intimement, et ils me donnèrent accès dans plusieurs maisons agréables. — J’étais parfaitement habituée à mes habits, et la vie plus rude et plus active que j’avais menée, les exercices violents auxquels je m’étais livrée m’avaient rendue deux fois plus robuste que