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MADEMOISELLE DE MAUPIN.

Vous avez ce soir les yeux d’un lumineux particulier.

Tout cela n’empêche pas qu’il ne me faille absolument une maîtresse. Je ne sais pas qui ce sera, mais je ne vois personne dans les femmes que je connais qui puisse convenablement remplir cette importante dignité. Je ne leur trouve que très-peu des qualités qu’il me faut. Celles qui auraient assez de jeunesse n’ont pas assez de beauté ou d’agréments dans l’esprit ; celles qui sont belles et jeunes sont d’une vertu ignoble et rebutante, ou manquent de la liberté nécessaire ; et puis il y a toujours par là quelque mari, quelque frère, quelque mère ou quelque tante, je ne sais quoi, qui a de gros yeux et de grandes oreilles, et qu’il faut amadouer ou jeter par la fenêtre. — Toute rose a son puceron, toute femme a des tas de parents dont il faut l’écheniller soigneusement, si l’on veut cueillir un jour le fruit de sa beauté. Il n’y a pas jusqu’aux arrière-petits cousins de la province, et qu’on n’a jamais vus, qui ne veuillent maintenir dans toute sa blancheur la pureté immaculée de la chère cousine. Cela est nauséabond, et je n’aurai jamais la patience qu’il faut pour arracher toutes les mauvaises herbes et élaguer toutes les ronces qui obstruent fatalement les avenues d’une jolie femme.

Je n’aime pas beaucoup les mamans, et j’aime encore moins les petites filles. Je dois avouer aussi que les femmes mariées n’ont qu’un très-médiocre attrait pour moi. — Il y a là-dedans une confusion et un mélange qui me révoltent ; je ne puis souffrir cette idée de partage. La femme qui a un mari et un amant est une prostituée pour l’un des deux et souvent pour tous deux, et puis je ne saurais consentir à céder la place à un autre. Ma fierté naturelle ne saurait se plier à un tel abaissement. Jamais je ne m’en irai parce qu’un autre homme arrive. Dût la femme être compromise et