Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sous ses pieds et refermée aussitôt, il n’y avait pas moyen d’expliquer cette suppression de personne.

Ils errèrent longtemps aux alentours du Rastro, interrogèrent quelques marchands, et n’en purent tirer rien autre chose. Ils s’adressèrent même à la boutique où Andrès s’était travesti ; mais c’était la femme qui les reçut, et c’était le mari qui avait vendu les habits : elle ne put donc leur donner aucun renseignement, et d’ailleurs ne comprit rien aux questions ambiguës qu’ils lui firent ; sur leur mauvaise mine, elle les prit même pour des voleurs, quoiqu’ils fussent précisément le contraire, et leur ferma la porte au nez d’assez mauvaise humeur, tout en regardant s’il ne lui manquait rien.

Tel fut le résultat de la journée. Don Geronimo retourna à la police, qui lui répondit gravement qu’on était sur la trace des coupables, mais qu’il ne fallait rien compromettre par trop de précipitation. Le brave homme, émerveillé, répéta la réponse de la police à Feliciana, qui leva les yeux au ciel, poussa un soupir et ne crut pas se permettre une exclamation trop forte pour la circonstance en disant : « Pauvre Andrès ! »

Un fait bizarre vint compliquer cette ténébreuse affaire. Un jeune drôle d’une quinzaine d’années environ avait déposé dans la maison d’Andrès un paquet assez gros, et s’était précipitamment retiré en jetant cette phrase : « Pour remettre à M. Salcedo. »