Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je vous présente ; je serais désolé de vous avoir fait commettre une inconvenance.

— Comment ! s’écria Geronimo ; que dis-tu, Andrès ? Un mariage arrangé depuis dix ans ! es-tu fou ?

— Au contraire, je suis raisonnable, répondit le jeune homme ; je sais que je n’aurais pu faire le bonheur de votre fille.

— Chimères, fantaisie d’écervelé. Tu es malade, tu as la fièvre, continua Geronimo, qui s’était habitué à l’idée d’avoir Andrès pour gendre.

— Ho! ne vous inquiétez pas, dit l’Anglais en tirant Geronimo par la manche, vous ne manquerez pas de gendres : votre fille est si belle et s’habille d’une façon si superbe !

— Vos fortunes se convenaient si bien, poursuivit Geronimo...

— Mieux que nos cœurs, répondit Andrès. Je ne pense pas que ma perte soit bien vivement sentie par Mlle Vasquez.

— Vous êtes modeste, répliqua Feliciana ; mais, pour vous ôter tout remords, je veux vous laisser cette persuasion. Adieu, soyez heureux en ménage. Madame, je vous salue. »

Militona répondit par une révérence pleine de dignité à l’inclination de tête ironique de Feliciana.

« Venez, mon père ; sir Edwards, donnez-moi le bras. »

L’Anglais, interpellé, arrondit gracieusement son