Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/151

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promener à Hyde-Park, à côté de mon mari conduisant son four in hand. Le soir, au théâtre de la Reine, j’entendrais de la musique italienne dans ma loge tendue de damas bouton d’or. Des daims familiers joueraient sur la pelouse verte de mon château, et peut-être aussi quelques enfants blonds et roses : des enfants font si bien sur le devant d’une calèche, à côté d’un king-charles authentique ! »

Laissons ces deux êtres si bien faits pour s’entendre continuer leur route, et revenons rue del Povar retrouver Andrès et Militona.

La jeune fille, après le départ de Feliciana, de don Geronimo et de sir Edwards, s’était jetée au cou d’Andrès avec une effusion de sanglots et de larmes ; mais c’étaient des larmes de joie et de bonheur qui ruisselaient doucement en perles transparentes sur le duvet de ses belles joues sans rougir ses divines paupières.

Le jour baissait, les jolis nuages roses du couchant pommelaient le ciel. Dans le lointain l’on entendait bourdonner les guitares, ronfler les panderos sous les pouces des danseuses, frissonner les plaques de cuivre des tambours de basque, et babiller les castagnettes. Les aye ! et les ola ! des couplets de fandango jaillissaient par bouffées harmonieuses du coin des rues et des carrefours, et tous ces bruits joyeux et nationaux formaient comme un vague