Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/58

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Il est déjà bien tard, dit-elle en consultant une petite montre grande comme l’ongle ; montez en voiture avec nous, nous mettrons Rosa chez elle et nous retournerons à la maison ensemble.

Si l’on s’étonne de voir une jeune personne si bien élevée prendre un jeune homme dans sa voiture, nous ferons observer que sur le devant de la calèche était assise une gouvernante anglaise, roide comme un pieu, rouge comme une écrevisse, et ficelée dans le plus long des corsets, dont l’aspect suffisait pour mettre en fuite les amours et les médisances.

Il n’y avait pas moyen de reculer ; après avoir présenté la main à Feliciana et à son amie pour les aider à monter, il prit place sur le devant de la calèche, à côté de miss Sarah, furieux de n’avoir pu entendre le rapport de Perico, qu’il croyait mieux renseigné, et avec la perspective d’une soirée musicale indéfiniment prolongée.

Comme nous pensons que la description d’un dîner bourgeois n’aurait rien d’intéressant pour vous, nous irons à la recherche de Militona, espérant être plus heureux dans nos investigations que Perico.

Militona demeurait, en effet, dans une des rues soupçonnées par le jeune espion d’Andrès. Vous dire le genre d’architecture auquel appartenait la maison qu’elle habitait avec beaucoup d’autres, serait