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Citadelle de Ham, le 15 décembre 1840


« Sire,

« Vous revenez dans votre capitale, et le peuple en foule salue votre retour mais moi, du fond de mon cachot, je ne puis apercevoir qu’un rayon du soleil qui éclaire vos funérailles.

« N’en veuillez pas à votre famille de ce qu’elle n’est pas là pour vous recevoir. Votre exil et vos malheurs ont cessé avec votre vie ; mais les nôtres durent toujours ! Vous êtes mort sur un rocher, loin de la patrie et des vôtres ; la main d’un fils n’a point fermé vos yeux. Aujourd’hui encore aucun parent ne conduira votre deuil.

« Montholon, lui que vous aimiez le plus, parmi vos dévoués compagnons, vous a rendu les soins d’un fils : il est resté fidèle à votre pensée, à vos dernières volontés ; il m’a rapporté vos dernières paroles ; il est en prison avec moi !

«Un vaisseau français, conduit par un noble jeune homme, est allé réclamer vos cendres ; mais c’est en vain que vous cherchiez sur le pont quelques-uns des vôtres ; votre famille n’y était pas.

« En abordant au sol français, un choc électrique